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monde

  • Histoire mouvementée

    CathP1070329.JPGL’Eglise : une histoire mouvementée

    C'est la deuxième conférence du cycle des conférences de carême de la cathédrale de Liège

     

    Le premier orateur est le Frère Michel Van Aerde supérieur des Dominicains de Belgique.

     

    L’Eglise est une histoire d’amour, donc de passion. Elle est faite de disputes, de divisions et de réconciliations.

    Cette histoire est orientée, animée par une espérance. Mais son aboutissement n’est pas dans le terme, comme c’est le cas dans les utopies humaines, il est dans la récapitulation de l’histoire dans le Christ. On trouve donc celui-ci au milieu de l’histoire, qui pour les chrétiens n’est pas cyclique.

    Chaque génération fête la fin de son temps. La fidélité à son espérance n’est jamais dans la répétition mais dans la créativité.

    L’amour suppose une altérité. Il y a l’homme, il y a la femme. Il y a Dieu, il y a le monde. Il y a le monde, il y a l’église. Et l’église est faite non seulement pour donner, mais pour recevoir du monde.

    Pourtant ces deux réalités sont faites l’une pour l’autre. Quelqu’un a dit : « L’église est le monde quand il devient explicitement chrétien. »

    Par ailleurs Dieu lui-même vient dans l’histoire, manifestant ainsi qu’il souhaite que Lui et l’histoire ne fasse plus qu’un.
    Mais cette union est une alliance et pas une fusion.

    L’histoire est une mémoire, une incarnation. On n’échappe pas à une institution qui garde la mémoire du Christ au bénéfice du peuple tout entier.

    Que faire alors de cette phrase actuelle : « Jésus-Christ : oui, l’Eglise : non. » qui laisserait penser qu’on peut découvrir Jésus sans l’église ? Pour y répondre, il faut relire l’histoire pour y trouver des modèles qui peuvent nous aider à définir des solutions pour notre époque.

    La conclusion de notre recherche est qu’il faut entrer à nouveau dans cette immense vision biblique de l’histoire qui suggère une création, une œuvre commune entre Dieu et les hommes.

     

    Le Père Christophe d’Aloisio, qui est directeur de l'Institut Orthodoxe Saint-Jean-le-Théologien prend ensuite la parole

    Il se propose de rappeler quelques paradigmes chrétiens, quelques idées marquantes.

    Voici une phrase qui a circulé parmi les premiers chrétiens. « Toute patrie leur est une terre étrangère, toute terre étrangère leur est une patrie. »

    L’événement le plus saillant du début de l’église est la conversion de César au 4ème  siècle. Mais il n’est pas possible de dire si César se convertit vraiment, où s’il accapare les chrétiens et l’Eglise au service de l’empire !

    Pour l’Orient, c’est-à-dire l’empire romain byzantin, c’est bien le cas. L’église a été saisie par l’Etat. Les chrétiens sont devenus officiers de l’état civil, magistrats, … Et c’est ainsi dans toutes les églises orthodoxes. (La réponse est différente en Occident)

    En Orient, la mutation de cet état de fait s’est produite au siècle dernier. Dans cette période,  il y a eu beaucoup de migrations. Les grands esprits émigrés (de Russie surtout) se sont mis à réfléchir librement. Fin du XIXème siècle ils ont fait un retour aux sources pour redéfinir la nature de l’église.

    Le résultat actuel de toute cette histoire est ceci. En Occident, l’Etat veut se débarrasser de l’Eglise, en Orient, l’Eglise veut se débarrasser de l’Etat.

    Revenons à la réalité de l’Eglise.

    Le mot « ecclesia » était, au point de départ grec, un terme politique. Il signifiait l’assemblée par laquelle l’Etat se manifestait. Les chrétiens ont pris ce terme pour désigner leur assemblée. Dans ce sens, c’est l’assemblée des chrétiens qui est l’église. C’était des assemblées où il y avait toutes sortes de gens, hommes, femmes, de tous les milieux. D’où le mot “catholique” (celui du credo) qui signifie l’homme total dans le Christ total.

    Le peuple rassemblé se dit aussi « liturgie ». Ce terme, qui signifiait « le service du peuple » est maintenant presqu’exclusivement réservé à l’eucharistie, à la liturgie eucharistique. Ainsi on peut dire que l’eucharistie est l’assemblée qui manifeste l’existence du peuple chrétien.

     

    Conclusion de ces observations : l’Eglise devrait redevenir le peuple qui se rassemble.

    Lien : eglise orthodoxe

     

    Débat animé par le frère Dominique Collin

                       Question 1 : Quel est la chance de chacun l’un pour l’autre ?

    Michel Van Aerde : Les orthodoxes nous ont fait redécouvrir les représentations de la résurrection, les icones, images qui manquent chez les catholiques.

    Christophe d’Aloisio : Une disposition intéressante chez les catholiques : l’existence d’un pape et d’un seul, alors que chez les orthodoxes il y en a plusieurs, ce qui complique les débats. Il n’y a personne pour trancher.

                       Question 2 : Quel est la critique de chacun à l’égard de l’autre ?

    Christophe d’Aloisio : Les orthodoxes sont très surpris de la très grande juridisation de l’église catholique.

                       Question 3 : « Hors de l’église point de salut »

    Christophe d’Aloisio rappelle qu’il s’agit d’une phrase de Cyprien de Carthage (en 258) qui a été tirée de son contexte.

    Michel Van Aerde précise que, même en dehors des fonctions canoniques, l’Esprit agit.

     

  • Les Rameaux de l'Eglise

     

    images fjp.jpgEn fêtant le dimanche des Rameaux, je me suis souvenu du départ de Jean-Paul II et de l'hommage reçu par les chefs d'états rassemblés pour cette occasion. Et je me suis dit : le départ de Jean-Paul II, n'est-ce pas les Rameaux de l'église ?

    De là l'idée de superposer la vie de l'Eglise, pour ne pas dire la vie de l'humanité, qui est unique à la vie d'une seule personne, à la vie de Jésus Christ.

    En gros traits cela donne ceci.

    L'histoire du peuple d'Israël correspond à sa gestation, « c'est toi qui m'as tissé au sein de ma mère », dit le psaume.

    Les premiers siècles des chrétiens seraient l'enfance cachée. Les chrétiens se rassemblent sans prendre encore aucune responsabilité dans le monde.

    A partir de la chute de Rome et de l'importance de l'Eglise pour rétablir de l'ordre dans ce qui sera l'Europe, on entre dans la chrétienté. Elle pourrait se comparer à la vie publique de Jésus que nous connaissons comme « il est passé en faisant le bien ». Ainsi en Europe, elle a stimulé à la création des états après la chute de l'empire romain, elle initié la création des écoles, des hôpitaux, de toute sorte d'oeuvres.

    Venons-en à Vatican deux. L'Eglise se réforme. Parmi les 2500 évêques qui prennent conscience de leur collégialité, le Fils va choisir son héros, son « Pierre », sur lequel il va faire reposer le soin de pousser à la paix telle que Lui veut et peut la donner. Le pape Jean-Paul II fait le tour du monde. Il est accueilli partout. A son départ, la place Saint-Pierre de Rome était remplie de chefs d'état. Ne serait-ce pas les Rameaux de l'Eglise ? L'entrée triomphale à Jérusalem qui se répète par l'entrée triomphale de l'église qui rassemble les nations. Ce jour pourrait s'appeler l'Offrande des Nations Unies, si cette expression ne doublait pas de manière trop voyante le sigle de l'O.N.U.

    Si nous jetons maintenant un regard vers l'avenir, nous pouvons nous douter que ce tour du monde des nations ne se fera pas deux fois, de même que l'entrée à Jérusalem ne s'est pas faite deux fois. Tous les gestes d'humanité, de solidarité sont repris maintenant par la société toute entière et ne sont pas restés l'apanage des chrétiens. Ce que Benoît XVI a rappelé dans son encyclique « Caritas in Veritate ». Et le rôle apparent de l'Eglise semble ne plus être que de dire la vérité dont elle a reçu la révélation, rôle qui la rend désagréable !

    Si cette superposition, qui vient d'être esquissée, est parlante, alors le temps qui suit ces Rameaux de l'humanité, c'est à dire le nôtre, est, pour l'Eglise, le temps de la vérité crue, celle qui provoque, et le temps des prétoires, des accusations ... Les chrétiens d'aujourd'hui ne devraient-ils pas se prêter à ce moment du mystère de l'Eglise qui est de reproduire la vie de son fondateur ? L'action de Benoît XVI est alors de ne pas avoir peur de dire la vérité même si elle choque, même si elle provoque des accusations. Et cette attitude est bien celle qu'il a choisie. « Si vous savez où est la vérité, il faut la dire. »