Le temps de Pâques nous montre l’aboutissement final de l’Incarnation : Jésus retourne au Père avec les bras chargés de la vie des hommes.
Après avoir relu les poèmes de saint Jean de la Croix, j’étais curieux de savoir comment saint Thomas parlait de l‘Incarnation. Cela me semble un complément à notre réflexion en attendant la prochaine soirée.
Répondant à la question : Si l'homme n'avait pas péché, Dieu se serait-il incarné, il écrit : « Diverses opinions ont été émises à ce sujet. Certains prétendent que, même si l'homme n'avait pas péché, le Fils de Dieu se serait incarné. D'autres soutiennent le contraire, et c'est plutôt à leur opinion qu'il faut se rallier. En effet, ce qui dépend de la seule volonté de Dieu et à quoi la créature n'a aucun droit, ne peut nous être connu que dans la mesure où c'est enseigné dans la Sainte Écriture, qui nous a fait connaître la volonté de Dieu. Aussi, puisque dans la Sainte Écriture le motif de l'Incarnation est toujours attribué au péché du premier homme, on dit avec plus de justesse que l'oeuvre de l'Incarnation est ordonnée à remédier au péché, à tel point que si le péché n'avait eu lieu, il n'y aurait pas eu l'Incarnation. Cependant la puissance de Dieu ne se limite pas à cela, car il aurait pu s'incarner même en l'absence du péché »
Ainsi les discussions sur l’incarnation étaient déjà nombreuses à l’époque. La réponse de saint Thomas nous amène à constater la confiance sans condition qu’il a dans l’Ecriture et comment, pour parler de Dieu, il se rallie aux expressions qu’il y trouve.
Mais profitons de cette citation pour nous laisser influencer par la personnalité de son auteur. Prenons le temps de percevoir dans la dernière phrase la profondeur de contemplation à laquelle il s’abandonnait et la haute idée qu’il se faisait de Dieu. En plus, l’expression « …on dit avec plus de justesse … » nous laisse deviner la splendide humilité de cette intelligence, qui est une des plus grande du monde occidental.
Quand on parle d’humilité, on se souvient de Moïse qui est « l’homme le plus humble que la terre ait jamais porté ». Si bien que, en image, nous pourrions nous imaginer Thomas montant au Sinaï pour « voir Dieu ». En redescendant de cette rencontre, il est devenu, non pas législateur pour le peuple élu comme le fut Moïse, mais docteur pour l’Eglise de Jésus-Christ.
Comme saint Thomas laissons nous maintenant séduire par l’Ecriture. Elle est en effet l’élément précurseur de l’Incarnation, elle est le mystère indicible prononcé dans notre vie d’homme. C’est une des traces les plus insondables et les plus émouvantes de la venue du Fils parmi les siens.