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Complément - Page 3

  • Contact avec saint Thomas

    1622524924.jpgLe temps de Pâques nous montre l’aboutissement final de l’Incarnation : Jésus retourne au Père avec les bras chargés de la vie des hommes.

    Après avoir relu les poèmes de saint Jean de la Croix, j’étais curieux de savoir comment saint Thomas parlait de l‘Incarnation. Cela me semble un complément à notre réflexion en attendant la prochaine soirée.

    Répondant à la question : Si l'homme n'avait pas péché, Dieu se serait-il incarné, il écrit : « Diverses opinions ont été émises à ce sujet. Certains prétendent que, même si l'homme n'avait pas péché, le Fils de Dieu se serait incarné. D'autres soutiennent le contraire, et c'est plutôt à leur opinion qu'il faut se rallier. En effet, ce qui dépend de la seule volonté de Dieu et à quoi la créature n'a aucun droit, ne peut nous être connu que dans la mesure où c'est enseigné dans la Sainte Écriture, qui nous a fait connaître la volonté de Dieu. Aussi, puisque dans la Sainte Écriture le motif de l'Incarnation est toujours attribué au péché du premier homme, on dit avec plus de justesse que l'oeuvre de l'Incarnation est ordonnée à remédier au péché, à tel point que si le péché n'avait eu lieu, il n'y aurait pas eu l'Incarnation. Cependant la puissance de Dieu ne se limite pas à cela, car il aurait pu s'incarner même en l'absence du péché »

    Ainsi les discussions sur l’incarnation étaient déjà nombreuses à l’époque. La réponse de saint Thomas nous amène à constater la confiance sans condition qu’il a dans l’Ecriture et comment, pour parler de Dieu, il se rallie aux expressions qu’il y trouve.

    Mais profitons de cette citation pour nous laisser influencer par la personnalité de son auteur. Prenons le temps de percevoir dans la dernière phrase la profondeur de contemplation à laquelle il s’abandonnait et la haute idée qu’il se faisait de Dieu. En plus, l’expression « …on dit avec plus de justesse … » nous laisse deviner la splendide humilité de cette intelligence, qui est une des plus grande du monde occidental.

    Quand on parle d’humilité, on se souvient de Moïse qui est « l’homme le plus humble que la terre ait jamais porté ». Si bien que, en image, nous pourrions nous imaginer Thomas montant au Sinaï pour « voir Dieu ». En redescendant de cette rencontre, il est devenu, non pas législateur pour le peuple élu comme le fut Moïse, mais docteur pour l’Eglise de Jésus-Christ.

    Comme saint Thomas laissons nous maintenant séduire par l’Ecriture. Elle est en effet l’élément précurseur de l’Incarnation, elle est le mystère indicible prononcé dans notre vie d’homme. C’est une des traces les plus insondables et les plus émouvantes de la venue du Fils parmi les siens.

  • Incarnation et Passion

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    Pour attendre la prochaine réunion du parcours de la foi, voici des extraits d’une romance de saint Jean de la Croix (1542-1591) sur l’Incarnation. Et, puisque nous sommes arrivés à la Semaine sainte, ce texte est suivi d’un cours poème, « Le Pastoureau », qui évoque  la Passion.

     

     

     

     Une épouse qui t’aime, mon Fils, j’aimerais te donner
    qui, grâce à toi, mérite de vivre en notre compagnie

    et de manger à la même table du même pain que je mange
    pour qu’elle connaisse les biens que j’ai en un tel Fils

     

    Je te rends grâces, ô Père, répondit le Fils.
    A l’épouse que tu me donneras je donnerai ma clarté

    pour qu’elle puisse voir tout le prix de mon Père
    et comment l’être que je possède de son être je l’ai reçu.

    Or étant venu le temps où convenait de faire
    le rachat de l’épouse qui en rude joug servait

    sous la loi que Moïse lui avait donnée,
    le Père en tendre amour parlait ainsi :

    Tu le vois, Fils, j’avais fait une épouse à ton image
    et ,semblable à toi, elle a bonne convenance.

    Mais elle diffère dans la chair
                        qu’en ton être simple tu n’as pas
    Or, dans les amours parfaites, cette loi est requise

    que l’amant se fasse semblable à l’aimée
    car plus grande est la ressemblance, plus grand est le délice.

    Et sans doute en ton épouse le délice grandement croîtrait
    si elle te voyait semblable à elle jusque dans la chair.

     

     

     

    Voici un autre poème de saint Jean de la Croix. Il  exprime la peine de Jésus descendu auprès des siens et abandonné.

     

    Un pastoureau est en peine,

    l'esprit plein de sa pastourelle,

    retranché du plaisir et de la joie,

    et le cœur par l’amour tout navré.

     

    Il ne pleure pas d’être blessé d’amour.

    De se voir ainsi affligé il n’a point de peine,

    encore qu’il porte au cœur une plaie.

    Il pleure de penser qu’il est oublié,

     

    de penser seulement qu’il est oublié

    de sa belle pastoure. En grande peine

    Il se laisse rudoyer en terre étrangère,

    Le cœur par l’amour tout navré.

     

    Il dit le pastoureau : « Infortuné

    celui qui de mon amour a fait absence,

    Qui ne veut pas jouir de ma présence

    et de mon cœur pas son amour tout navré ! »

     

    Et après un long temps, il est monté

    tout en haut d’un arbre. Là il ouvrit ses bras

    et mort il est demeuré, suspendu par eux,

    le cœur par l’amour tout navré.

      


    Voici un site pour lire Les Romances en entier.

    Vous pouvez aussi approcher l'Incarnation chez st Jean de la Croix .

    Enfin, voici une adresse pour découvrir les oeuvres de saint Jean de la Croix

    Sur ce dernier  site vous pourrez aussi trouver des textes de sagesse du monde entier.

  • Rencontre foi et science

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    C’est une rencontre étonnante que je viens de faire. Je lisais un livre sur les récentes découvertes scientifiques. Cet ouvrage, écrit par Jean Staune, directeur de l’Université Interdisciplinaire de Paris, a été recensé dans un récent « Dimanche Express ».

    Des spécialistes en biologie y exposaient leur compréhension de l’évolution. Parmi eux figure Denton, professeur de biologie en Australie. Voici en quels termes J. Staune termine sa présentation de ce spécialiste :

     “ C’est seulement après tout cela (= son travail scientifique de biologiste) que Denton en tire une conclusion qui, elle, est d’ordre théologique : « En raison de la doctrine de l’Incarnation qui impliquait que Dieu avait pris la forme humaine, aucune religion ne dépendait davantage de la notion d’une position absolument centrale et singulière de l’homme dans le cosmos que le christianisme. La vision anthropocentrique de la chrétienté médiévale est peut-être l’idée la plus extraordinaire que l'homme ait jamais formulée. C’est une théorie fondamentale et d’une prétention radicale. Aucune théorie humaine ne l’égale en audace puisqu’elle stipule que toute chose se rapporte à l’existence de l’homme [… ] Quatre siècles après que la révolution scientifique eût paru détruire cette conception, bannir Aristote et rendre caduque toute spéculation téléologique, le flot incessant des découvertes s’est spectaculairement retourné en faveur de la téléologie. La science, qui depuis quatre cents ans semblait le grand allié de l’athéisme, est enfin devenue, en cette fin de IIe millénaire, ce que Newton et beaucoup de ses premiers partisans avaient ardemment souhaité : le défenseur de la foi anthropocentrique. »

    C’est ainsi que l’on peut exorciser le « fantôme de Copernic ». L’homme n’est plus au centre de l’Univers au plan géographique mais retrouve, de façon plus subtile, une place centrale en tant que but de l’évolution de l’Univers. Si étonnant que cela puisse paraître à celui qui vient de lire ces lignes, Denton n’est nullement chrétien. Il ne fait que constater que la longue chaîne de coïncidences qu’il met au jour à travers les propriétés chimiques et biochimiques de la nature soutient un point central de la théologie chrétienne. ”

     

    Le mot “Incarnation” m’a immédiatement ramené au parcours de la foi tel qu’il nous est proposé ces mois-ci. Et j’ai prolongé les réflexions de Denton en considérant l’homme comme la finalité de l’évolution pour qu’un jour le Fils puisse naître d’une femme. C’est l’occasion de se rappeler que c’est l’Esprit qui a fixé les lois de l’univers. Elles trouvent leur aboutissement dans le corps humain. Voilà pourquoi la chair n’est pas complètement étrangère à la vie de l’Esprit.

    Ceux qui aiment la science liront avec intérêt ce livre : « Notre existence a-t-elle un sens ?» qui cherche à renouer un dialogue entre la foi et la science.

    Quant à nous tous, nous pourrons repenser aux merveilles de la création quand nous chanterons : « Que tes œuvres sont belles … l’homme est à l’image de Dieu », ou encore, comme en ce 4ème dimanche, « Heureux les hommes au cœur de chair, ils deviendront printemps du monde … »