Regards chrétiens sur la fin des temps
Résumé de la conférence donnée le lundi 5 mars, à Liers, par l’abbé Joël Spronck, professeur au Centre diocésain de Formation de l’évêché de Liège et curé de l’Unité Pastorale « Trinité Ans »
Bouleversements et inquiétudes dans le monde actuel
L’époque dans laquelle nous vivons voit se multiplier troubles et bouleversements divers.
Des changements climatiques provoquent en effet aujourd'hui une succession d’orages, d’inondations ou de tremblements de terre. Le séisme le plus spectaculaire fut celui du Japon qui s’est terminé par le fameux tsunami et ses conséquences dramatiques.
De même, guerres et attentats, omniprésents, provoquent une crise morale. Aucun jour ne se passe, il est vrai, sans annonce de heurts ou de violences quelque part dans le monde. Même dans le contexte des civilisations, des rumeurs circulent tous les jours sur un affrontement entre l’Europe chrétienne et le monde musulman qui a vécu son printemps arabe.
A ce tableau, il faut encore ajouter la crise économique qui manifeste l’incapacité des dirigeants à conduire le monde dans l’équilibre et la paix.
Au début de cette année, ont surgi les supputations sur le calendrier maya qui annonce une fin de cycle pour le solstice d’hiver fin 2012. Selon ces croyances, l’événement amènera peut-être un changement de pôle, un déclenchement d’énergies inconnues. Tout cela a ravivé la question : « Sommes-nous à la fin des temps ? »
Instabilité chronique du monde
Les craintes multiples d’aujourd'hui ne sont cependant pas nouvelles. L’accumulation de difficultés et de désordres est le lot de toutes les périodes de l’histoire.
Au temps des Romains, l’invasion des Barbares a détruit Rome. Des guerres incessantes ont ensuite présidé à la construction des grands Etats européens. Le Moyen Age a connu les grandes épidémies qui causaient la mort d’innombrables victimes.
A toutes ces époques perturbées, la crainte de la fin des temps s’est fortement exprimée. Elle s’est notamment manifestée, et vigoureusement, à l’approche de l’an 666 (chiffre de Lucifer), à l’approche de l’an 1000, puis à la fin du 2ème millénaire. Aux autres époques, elle se met en veilleuse, sans jamais disparaître totalement.
Et les chrétiens ?
Les premiers chrétiens croyaient imminente la fin des temps. Ils parlaient de « Parousie », c’est-à-dire de la présence plénière de Jésus Christ. Ils l’attendaient. Ils l’appelaient par l’invocation « Maranatha », ce qui signifie : « Viens, Seigneur Jésus ».
Après une trentaine d'années, le Christ ne revenant pas, les communautés chrétiennes ont pris conscience qu’elles devaient vivre dans la durée et dans une durée dont on ne connaissait pas le terme. Tel est d’ailleurs le réel horizon de la foi chrétienne. C’est dans cette perspective que les évangiles ont alors été rédigés.
Pour gérer cette durée et tromper l’impatience, on a progressivement considéré la fin des temps comme déjà commencée, et réellement en marche.
A ce moment de son exposé, le conférencier relit le chapitre 13 de l’évangile selon saint Marc. Jésus y parle de la fin des temps, signalant clairement qu’il est impossible de la prévoir et qu’il faut s’en remettre au Père, seul maître de l’histoire.
[Vu son importance, ce texte est repris en fin d’article]
Quand viendra la Parousie ?
La réponse de Jésus, et du chrétien à sa suite, est donc qu’il faut éviter toute fixation de date. Cela ne sert à rien. Saint Pierre, dans sa deuxième lettre, n’écrit-il pas (au chapitre 3, 8) : « Pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour » ? Vigilance, patience et confiance doivent être au cœur du chrétien. Car finalement, la fin des temps, c’est l’arrivée d’une personne, de Quelqu'un ! Dans le discours de Jésus Christ, c’est un encouragement à l’espérance qui nous est offert.
Pourquoi faut-il encore attendre ?
Pour répondre à cette question, les chrétiens ont avancé plusieurs raisons. En voici deux. Jésus a inauguré le Royaume, ou temps du salut, mais il ne l’a pas apporté pleinement. Pendant ce temps intermédiaire, temps du combat entre le bien et le mal, Dieu attend notre « oui », pour que l’humanité entière s’ouvre à son amour, quand l’évangile aura été annoncé à toutes les nations. C’est pourquoi a dit encore saint Pierre : « Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, mais il fait preuve de patience envers vous ».
Ce combat n’est pas fini, et il faut s’y engager. Pour le chrétien, il y a un aspect communautaire à l’issue finale. Il faut que tout le monde soit là pour que les réjouissances puissent commencer. Les défunts, par exemple, sont déjà avec le Christ, mais ils attendent encore la partie de leur famille qu’ils ont laissée sur terre.
Evangile de Marc, chapitre 13.
Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, regarde : quelles belles pierres ! quelles belles constructions ! »
Mais Jésus lui dit : « Tu vois ces grandes constructions ? Il n'en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit. »
Et comme il s'était assis au mont des Oliviers, en face du Temple, Pierre, Jacques, Jean et André l'interrogeaient à part :
« Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir. »
Alors Jésus se mit à leur dire : « Prenez garde que personne ne vous égare.
Beaucoup viendront sous mon nom, en disant : 'C'est moi', et ils égareront bien des gens.
Quand vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerre, ne vous laissez pas effrayer ; il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin.
Car on se dressera nation contre nation, royaume contre royaume, il y aura des tremblements de terre çà et là, il y aura des famines ; c'est le début des douleurs de l'enfantement.
Soyez sur vos gardes ; on vous livrera aux tribunaux et aux synagogues ; on vous frappera, on vous traduira devant des gouverneurs et des rois à cause de moi ; il y aura là un témoignage pour eux.
Mais il faut d'abord que la Bonne Nouvelle soit proclamée à toutes les nations.
Et lorsqu'on vous emmènera pour vous livrer, ne vous tourmentez pas d'avance pour savoir ce que vous direz, mais ce qui vous sera donné à cette heure-là, dites-le. Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est le Saint-Esprit.
Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort.
Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Mais celui qui aura persévéré jusqu'au bout, celui-là sera sauvé.
Lorsque vous verrez le Sacrilège Dévastateur installé là où il ne faut pas - que le lecteur de l'Écriture comprenne ! - alors, ceux qui seront en Judée, qu'ils s'enfuient dans la montagne ;
celui qui sera sur sa terrasse, qu'il n'en descende pas et ne rentre pas pour emporter quelque chose de sa maison ;
celui qui sera dans son champ, qu'il ne retourne pas en arrière pour emporter son manteau.
Malheureuses les femmes qui seront enceintes, et celles qui allaiteront en ces jours-là !
Priez pour que cela n'arrive pas en hiver,
car en ces jours-là il y aura une détresse comme il n'y en a jamais eu depuis le commencement, quand Dieu créa le monde, jusqu'à maintenant, et comme il n'y en aura jamais plus.
Et si le Seigneur n'abrégeait pas le nombre des jours, personne n'aurait la vie sauve ; mais à cause des élus, de ceux qu'il a choisis, il a abrégé ces jours-là.
Et alors si quelqu'un vous dit : 'Voilà le Messie ! Il est ici ! Il est là !' ne le croyez pas.
Il surgira des faux messies et des faux prophètes qui feront des signes et des prodiges afin d'égarer les élus, si c'est possible.
Quant à vous, prenez garde : je vous ai tout dit à l'avance.
En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat.
Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.
Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire.
Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel.
Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche.
De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte.
Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive.
Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père.
Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
Il en est comme d'un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.
Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »