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  • Par le Haut ou par le Bas

     

    Par le haut ou par le bas ?

    eglise,structures,hiérarchieEn lisant l’article dans la Libre Belgique de mardi dernier, je me dis que beaucoup de chrétiens voudraient reconstruire l’église par le bas en laissant de côté la hiérarchie qui les énerve ! On pourrait penser que cette idée a aussi séduit le Père Moingt (Annonce de l’évangile et structures d’Eglise).

    Mais c’est impossible. Le rassemblement autour de Jésus-Christ vient d’en haut. Il n’est pas possible de le reconstruire par le bas. Il s’en suit que chaque apôtre sera choisi par un autre apôtre qui le précède, et non par un vote.

    Au lieu de s’inquiéter de la chrétienté perdue ou finissante, il faudrait changer de perspective. Pour cela il faut se rappeler que Jésus n’est pas venu sauver l’Eglise, mais le monde.

    L’image de ce rassemblement nous est donnée par le peuple choisi. Dans celui-ci, une seule tribu règle le culte, les autres construisent simplement le peuple de Dieu. Par comparaison, dans le monde, l’Eglise n’est que l’analogue de la tribu de Lévi. Dans cette perspective, elle pour l’instant fort importante et il est temps qu’elle diminue, qu’elle mette une sourdine au culte, et il n’y a pas de crainte à avoir à ce sujet. Mais il est vain de penser qu’on peut la construire par le bas.

    Par contre, il y a tant de choses à construire par le bas : les familles, les pays, les associations, les mutuelles, les partis, les syndicats, les ong, les mouvements religieux et humanitaires ; les cultures … Les chrétiens que la suite des apôtres énerve ont donc beaucoup d’occasion de dépenser leurs énergies. Mais il ne faudrait pas oublier que l’évangile, qu’ils ont certainement au cœur,  est venu d’en haut et c’est par la lignée des apôtres qu’il est arrivé auprès de nous.

  • Veiller

    4263971974.jpgVeiller comme les femmes de Jérusalem

     

    A la semaine sainte, nous pourrions très bien, sans rajouter une messe déjà le samedi qui n’est que le deuxième jour, passer le samedi dans la prière comme les femmes de Jérusalem. Le jour du sabbat, il ne se passe rien, elles préparent leurs aromates ! La soirée peut s’occuper à lire la Bible et les psaumes. Et, très tôt le lendemain matin, les femmes vont au tombeau. La rencontre qu’elles font laisse sans voix et n’est pas encore propice aux flamboyants « alleluia » ! Se lever tôt le dimanche de Pâques pour lire en silence la messe de l’aurore, qui commence par le psaume 138, nous fait entrer dans le mystère intime de la résurrection. En plus, c’est une manière très sensible de percevoir la féminité des rapports avec l’Evangile. 

    De nos jours, l’assistance à la messe dominicale et aussi aux offices de la semaine sainte est fortement diminuée. D’ailleurs nos offices sont toujours l’office des moines. Pendant la chrétienté, on fait adopter “l’office” par la société dans son ensemble. Tout cet ensemble de rites restera bien sûr assuré dans les monastères. Maintenant, par contre, la chrétienté est un régime du passé, nous a-t-on dit. L’effort consacré au culte pourrait également se modérer. Déjà en 1987, un curé m’avait dit : “Les gens qui travaillent ne viennent pas aux offices en semaine. C’est pourquoi il faut soigner le dimanche des Rameaux.” Le fidèle devra se repérer uniquement par les dimanches : les Rameaux et Pâques. Aux Rameaux, il y a lecture d’une passion, elle rappelle en même temps l’inauguration de l’Eucharistie. A Pâques, le dimanche matin, il y a la résurrection et le début des apparitions intimes et mystérieuses.

    Dans un avenir plus ou moins lointain, la fête de Pâques pourrait redevenir une fête intime entre chrétiens, avec un impact beaucoup moins grand sur la société en général. Et les réunions de prières organisées pendant ce laps de temps pourraient prendre un tour beaucoup plus sobre. C’est bien ce qui s’est passé ce jour-là ! Il n’y a pas eu d’explosion de joie pendant 50 jours. Les apôtres ne sont sortis que 50 jours après. Cette annonce publique des apôtres pourrait alors prendre un tour beaucoup plus orienté vers le monde entier avec un discours montrant comment l’Evangile comprend une espérance pour l’humanité toute entière. Il suffit pour cela de se remettre à la contemplation des dons de l’Esprit !

    En attendant, laisser vous surprendre, comme les femmes par une rencontre indicible et inoubliable le matin de Pâques et joyeuse fête !



  • La famille à l'épreuve des sociétés

    foule-famille.jpgRésumé de la troisième conférence de Carême 2012 à la Cathédrale de Liège

    « La famille à l'épreuve des sociétés »

    avec le Professeur Olivier BONNEWIJN de l'Institut d'Etudes Théologiques (IET) de Bruxelles, prêtre,
    et le Professeur Claire GAVRAY, sociologue de la famille et du travail de l'ULg.

    Arrivé avec un peu de retard, je trouve le professeur Claire Gavray en train de décrire une famille ancienne où l’intérêt de l’union était limité à l’intérêt des familles. L’adultère était admis, à cette époque, dans les classes dirigeantes. On rencontrait donc des familles recomposées. Ceci n’est pas une invention moderne !

    Vient ensuite un large aperçu historique partant de la famille traditionnelle. Notion qui est nettement plus large. On y considère plus que le seul niveau des parents et enfants. Cette famille était sous le contrôle de la communauté. L’individu a suivi dans cette voie. Il était impératif que la femme sache tout faire car l’homme était souvent parti.

    A la faveur de l’industrialisation, on est passé progressivement à la famille moderne, qui est de taille restreinte. Elle apparaît dans la classe bourgeoise, correspond à la visée de l’Eglise et comporte une forte division des rôles. La classe ouvrière s’y est adonnée parce qu’elle y voyait une promotion sociale.

    Cette famille moderne a été attaquée dès 1950 par la diffusion des valeurs de liberté, d’individualisme. Ensuite est venue la lutte des femmes, l’apparition de la contraception, du travail de la femme. Les femmes jeunes multiplient les revendications.

    Cela nous a conduits à la famille post moderne où l’autorité est remise en question, l’égalité est recherchée et des droits sont reconnus aux enfants. Certains jeunes restent très tard chez leurs parents par nécessité ou par confort.

    La conception de la famille est complètement modifiée. La fidélité est fragile. Elle est très souvent bousculée quand apparait l’enfant dont la présence entraîne la nécessité de se répartir les nouvelles charges du quotidien qu’il amène.

    Les amoureux modernes commencent par un compagnonnage où l’impératif est surtout la reconnaissance amoureuse, juridique et culturelle. Il y a donc plusieurs étapes intermédiaires avant une situation finale ou se retrouvent parents et enfants.

    L’Etat va s’immiscer facilement dans ces compagnonnages (par les mesures sociales qu’il prend ?) Ces unions sont également fort influencées par les médias. Ceux-ci favorisent le plaisir, le superficiel, le sensationnel et ciblent souvent le public des enfants.

     

    Pour l’avenir, Claire Gavray met en garde contre la violence qui pourrait augmenter vis-à-vis des femmes et des enfants. Elle pense qu’il faut éviter tout autoritarisme et la marchandisation de tout ce qui concerne les aspects de la vie familiale.

     

    Le philosophe Olivier Bonnewijn prend à son tour la parole. Il cherche d’abord à répondre à la question : Comment situer les familles ?

    Du point de vue politique (ou social ?) on distingue la famille nucléaire, la famille monoparentale, la famille homoparentale, la famille recomposée. Cette diversité est enseignée dans les écoles.

    Une “précompréhension” minimum universelle peut se résumer comme suit : la famille est un endroit où il y a des différences de sexe et de génération. C’est la structure fondamentale par rapport à la quelle on peut situer les nouveaux modèles.

    Les nouveaux types comportent une précarité de la conjugalité. Ces modèles ne se construisent pas volontairement, ils sont un point de passage d’une trajectoire.

    Le philosophe s’attache ensuite à la place de l’enfant dans les différents modèles.

    Dans la famille monoparentale, l’enfant sera marqué par l’absence du père; dans la famille homoparentale il lui manquera le double repère des sexes. La famille recomposée n’a pas été voulue pour elle-même, elle provient de familles décomposées et doit souvent s’accommoder d’une présence judiciaire. Enfin, dans la famille “concubinaire”, marquée en général par l’insécurité, l’enfant lui aussi est toujours insécurisé.

     

     

    Le professeur indique que la famille est définie par la conjugalité, et non par l’enfant.

    Il décrit ensuite ce qu’il trouve dans la Bible. Son premier exemple est Abraham avec sa famille très composite et à laquelle, cependant, Dieu s’intéresse au point de lui promettre une descendance innombrable. L’Ecriture n’explicite pas un modèle de famille mais parle de Dieu qui travaille dans les familles.

    Le débat.

    Le professeur Gavray réagit aux propos du philosophe.

    Elle insiste d’abord sur le fait que pour un couple, il n’y a pas d’injonction d’avoir d’enfants. Mais ceci étant acquis, ceux qui ont fait le choix d’avoir des enfants doivent s’appuyer sur le triangle père-mère-enfant.

    La plupart des familles souffrent de la stigmatisation que l’on fait de leur trajectoire. Elle constate d’ailleurs que dans toutes les familles il y a beaucoup de souffrances, y compris la famille intacte.

    Elle pense également que les familles ont besoin de stabilité affective et l’enfant de généalogie claire.