Le siècle Vert de Régis Debray
Dans un premier tableau, “La faute à Faust” Régis Debray prend l’image de Faust pour rappeler combien depuis quelques siècles l’homme veut tout commander sans aucune contrainte naturelle.
Puis il en vient au “sursaut”. Ici il décrit notre stupéfaction lorsqu’on regarde la situation de la terre aujourd'hui. Il n’est pas possible d’ignorer la dégradation de la nature alors que notre vie en vient. Mais il ne faudrait pas non plus renier tous les efforts de créativité déployés pendant ce temps.
Dans le tableau “Ingénieur salvateur”, notre écrivain s’attache ici à montrer que les efforts faits ont produit certains effets positifs dont nous pouvons bénéficier. Durant cette période, la terre est : plus civilisée, une considération nettement plus importante accordée à la femme, un attention accrue au présent par rapport à la connaissance de l’histoire, elle est aussi revitalisée dans son apparence car elle a fait quasi disparaître les signes de la mort.
L’auteur se fait alors une idée sur “Le nouvel homme nouveau”. L’envie principale de l’homme d’aujourd'hui, est de connaître la nature sur toutes les régions de la terre. Toutes les habitudes que l’on introduit dans la vie domestique : trier les déchets, se passer du plastique, veiller au sort des animaux va petit à petit modifier les mentalités. L’homme nouveau qui va naître sera sensible, par exemple, à faire sa petite entreprise autonome et respectueuse de l’environnement.
Une “relève religieuse” va mettre dans l’ombre les autres traditions qui ont perdu leur efficacité. La divinité en sera la Nature. Elle sera proche de l’animisme, et marquera un retour des chamans, des guérisseurs, ... Elle empruntera le jargon ordinaire utilisé pour toutes les convictions du moment. Il y aura les “grands messes” (COP), les “professions de foi”, les “fervents”, les “hérétiques”, ...
Le militant se souvient alors du “Vert soleil”. C’est le titre d’un film catastrophe (1973) de Richard Fleischer. Ce souvenir permet à l’auteur de décrire notre avenir. La perspective actuelle n’est plus le point Oméga ou le Grand Soir, les idéologies se sont évanouies, mais une destruction de l’humanité qui se profile à l’horizon si l’homme n’arrive pas rapidement à maîtriser la dégradation de notre terre.
Vient ensuite la vue d’ “Un futur passéiste”, qui sera un futur qui cherche à revenir à ses origines, au temps passé. Régis Debray utilise souvent : l’expression L’Esprit. Dans sa plume, l’expression Esprit désigne l’Esprit de l’homme, son intelligence, c’est l’Esprit des Lumières en quelque sorte. L’Esprit avait pris tellement de place, que le retour à la Nature va s’étaler dans le temps, L’homme va chercher à retourner au passé, à l’état que l’on pouvait trouver avant la prise de pouvoir de l’Esprit. Et c’est à cela que l’on assiste dans notre temps.
Il faudra trouver le juste chemin, le juste milieu, “Le grand chemin”. La piste à suivre ne devra plus s’éloigner de la nature tout en continuant à développer nos activités avec toute l’imagination et la technique que nous avons acquises. En finale, l’auteur exprime ainsi son rêve : que le monde devienne une coopérative jardinière à l’échelle de la planète sous la présidence du terreau et de l’horticulteur.
Cette brochure est écrite dans un style brillant fait d’une grande quantité d’exemples qu’en bon journaliste il a accumulé durant sa vie. Le tout est très rafraîchissant.
Réflexion du rédacteur
Notre journaliste n’avait évidemment pas anticipé la crise sanitaire qui nous occupe et qui remet toute l’humanité devant un seul impératif qui n’est plus de faire de notre siècle un siècle vert, mais bien un siècle pour préserver la vie humaine. Je suis poussé à l’exprimer comme ceci :
Tu aimeras la Vie de toute ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces,
tu prendras soin des autres comme tu prends soin de toi.
C’est l’impératif planétaire actuel et c’est aussi le commandement de Moïse !
Pierre Dehasse
Le Siècle Vert – Régis Debray – Tracts Gallimard