De la Toussaint au Christ Roi
En 1999, d’après les démographes, nous étions à peu près 80 milliards d’êtres humains à être apparus sur terre.
A la Toussaint 2015, 15 ans après, nous sommes un peu plus de 7 milliards actuellement sur terre, et chaque année il naît 140 millions de personnes. Le nouveau film de Yann Arthus Bertrand fait un portrait de notre humanité ! Et en ce qui concerne le nombre d’êtres humains apparus sur terre depuis le début de l’histoire, nous devons atteindre 82,5 soit plus ou moins 83 milliards. Si nous désirions réunir toutes les familles, quelques soient les générations, de façon que tous ceux qui se sont aimés soient réunis en un seul lieu, nous serions 83 milliards ! De cette multitude, 76 milliards sont déjà retournés auprès du Père, 7 milliards sont encore confiés à nos soins, à notre sollicitude, à notre solidarité, à notre travail, à notre imagination, à notre dynamisme … Par toute cette activité, nous devons nourrir ces 7 milliards, les soigner, les élever, les enseigner, les lancer dans la vie active, les pousser à l’amour …
Quand cela s’arrêtera-t-il ? Cette question est posée principalement par ceux qui pensent que la terre devient trop petite pour la population qui est en croissance. Ils se demandent combien de personnes la terre peut porter, combien nous serons en 2020, en 2050 ? Ils cherchent à savoir si nous pourrons trouver et distribuer la nourriture en suffisance ?
Nous pouvons aussi nous poser cette question devant les 82 milliards que Dieu va rassembler, nombre qui n’est pas encore complet. Quand cela finira-t-il ? Personne ne peut le dire. Et, pour le chrétien, la parole du Christ a été claire à ce sujet. “Nul ne peut le dire sinon mon Père”. Il n’y a pas de critères démographiques, politiques, économiques, écologiques, sociologiques… qui puissent nous indiquer l’heure du rassemblement final à laquelle le nombre sera complet. Simplement le chrétien dit que le Royaume est déjà là, ce qui veut dire que le rassemblement est commencé et que ceux qui vivent ici maintenant, sont sur le chemin du grand jour. Le chiffre symbolique et biblique de 144 milliards me fait penser à cette complétude, à cette foule immense que nul ne peut dénombrer. “Je rendrai ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable sur le bord de la mer” avait dit Dieu à Abraham.
C’est le moment de rappeler que chacun est né d’un geste personnel du Père. L’homme n’est pas une simple émergence des lois de la nature. Le Père se penche sur la terre avec sollicitude personnellement au moins 140 millions de fois par an. “Mon Père travaille tout le temps” a dit le Christ. Car il n’y a pas moyen de penser que ces nouveaux venus soient venus à l’insu du Père, ou sans qu’ils soient désirés.
Un autre sujet peut aussi surgir à notre esprit. Qui va conduire tous ces peuples ? Qui va faire de cette multitude un seul peuple ? Sur terre, les hommes se sont constitués en pays, en nation, chacune avec ses lois, chacune avec son chef. Il est déjà difficile de trouver des chefs et d’établir la paix entre les peuples.
Alors qui va rassembler non seulement les 7 milliards mais encore ceux que la terre n’a pu retenir et qui sont hors de son atteinte ? C’est celui qui a traversé la mort pour nous. Il a le cœur du pauvre et le cœur du roi, le cœur du lépreux et le cœur de David. Dans la messe de dimanche prochain, il se présente comme le berger de l’humanité.
C’est ainsi que, pour trouver un chef à la multitude de la Toussaint, la liturgie nous a dirige vers la fête du Christ-Roi, l’Agneau de Dieu, le vrai et unique Pasteur.
Il restera un dernier souci : comment préparer sa venue ? Il faut s’occuper des 7 milliards qui ne sont pas encore arrivés au but et de tous ceux qui doivent encore venir pour qu’ils soient eux aussi sur le chemin du Royaume où le Fils de l’Homme va les accueillir. Ce sera notre préoccupation pour l’Avent. Car nous n’attendons plus un enfant, mais 140 millions ! Et nous attendons le retour de Celui qui les conduira à la vie éternelle.