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L’invention de l’homme et de la femme

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Le rosaire de Jean-Paul II

Lors de l’année du Rosaire, octobre 2002 – octobre 2003 , Jean-Paul II a présenté une quatrième série de mystères au rosaire : les mystères lumineux.

« Afin de donner une consistance nettement plus christologique au Rosaire, il me semble toutefois qu'un ajout serait opportun; tout en le laissant à la libre appréciation des personnes et des communautés, cela pourrait permettre de prendre en compte également les mystères de la vie publique du Christ entre le Baptême et la Passion. Car c'est dans l'espace de ces mystères que nous contemplons des aspects importants de la personne du Christ en tant que révélateur définitif de Dieu. Proclamé Fils bien-aimé du Père lors du Baptême dans le Jourdain, il est Celui qui annonce la venue du Royaume, en témoigne par ses œuvres, en proclame les exigences. C'est tout au long des années de sa vie publique que le mystère du Christ se révèle à un titre spécial comme mystère de lumière : « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde (Jn 9,5) » . (Jean Paul II, L A. Rosarium Virginis Mariae, 16 octobre 2002 )

Comme je ne prie guère le chapelet en commun, mais plutôt en privé en suivant les conseils de saint Ignace de Loyola (Celui-ci est d’ailleurs cité dans la lettre au n° 29 L’énonciation du mystère). J’en ai seulement eu connaissance en 2010. La lettre laisse d’ailleurs, à chacun et à chaque communauté, le choix de suivre ou de ne pas suivre cet aspect personnel, et peut-être aussi œcuménique,  que Jean-Paul II a donné à sa prière à Marie (lettre au n° 19).

Et personnellement je ne l’ai pas suivi. Dans la vie de Marie, les mystères joyeux sont suffisants pour y rendre présent l’évangile. Le quatrième mystère propose en méditation la présentation de Jésus au temple et la vie à Nazareth, elle représente toute la vie cachée que Jésus a passé avec Marie dans le peuple choisi. Le cinquième nous montre Jésus retrouvé au temple et représente toute la vie publique telle qu’elle se présente devant Marie : il s’agit d’une dépossession, ce fils ne lui appartient pas, il vient d’ailleurs, il n’est pas né de la chair ! La proximité de Marie et les mystères qu’elle a rencontrés, sont donc complètement décrits par ces 15 mystères.

Et pourtant, j’ai été amené à ajouter des méditations au chapelet.

Les mystères du samedi

Cela est venu naturellement dans le développement de la semaine. Les dimanches et mercredi sont consacrés aux mystères glorieux, les lundis et jeudis aux mystères joyeux, les mardis et vendredis aux mystères douloureux. Il restait un jour, le samedi, ou la méditation était libre. C’est le jour où Dieu s’est reposé de tout ce qu’il avait fait en trouvant que c’était bon, c’est le jour où Jésus s’est reposé de la Passion avant de remonter après du Père, le fameux mystère du samedi saint, dirait Adrienne von Speyr. Ce mystère qui fait évidemment partie de la vie de Marie, n’était pas abordé les autres jours. Il m’a donc semblé naturel de méditer sur la création et petit à petit ma prière s’est attachée ce jour-là à l’invention de l’homme et de la femme qui est l’expression la plus personnelle de la création. En effet, Marie n’est pas tombée du ciel comme « Deus ex machina ». Il y a un “avant Marie”, il y a une source cachée d’où Marie est issue. Le samedi est propice pour s’adonner à cette recherche.

 

Les mystères de l’invention de l’homme et de la femme

Voici les cinq points qui ont attiré mon attention.

Le premier point est la création de l’homme et de la femme « il les fit à son image, il les fit homme et femme » et « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils seront une seule chair ».

Le deuxième point est l’expression de la liberté et de l’autonomie de cette créature qui est si richement dotée par Dieu qu’elle pense pouvoir s’en passer, c’est le péché originel, « mysterium iniquitatis ». On peut remarquer que cette autonomie n’a pas été retirée par Dieu après la faute. On pourrait dire que la conséquence  de l’autonomie est qu’un aboutissement final n’est plus à sa portée.

Le troisième point est la naissance de Jésus. Marie lui donne la chair de l’homme. Situation paradoxale qui manifeste que Dieu veut recevoir un présent de l’homme. Dans son Fils, qui reçoit tout, Dieu reçoit notre chair. Mais qui donc a fait cette chair, sinon Dieu lui-même ! Ce n’est donc pas de l’homme que vient ce présent mais du Père qui par la création  a constitué cette chair pour son Fils. Dans cette naissance, c’est de la femme qu’est tiré un homme, situation inverse du récit de la création.

Le quatrième point est l’immaculée conception. Marie est soustraite aux conséquences  de ce péché et monte au ciel avec son corps. Tout se passe comme si, dans la pensée de Dieu, la vie de Marie avait été conçue avant ce premier péché et n’en a pas subi les conséquences. Par son Fiat, elle utilise son autonomie pour s’attacher à Dieu. Le récit de la création fait d’ailleurs une allusion à cette femme qui écrasera la tête du serpent.

Le cinquième point est le couronnement de la Vierge au ciel. Elle devient la reine, ce qui veut dire l’épouse du roi, n’étant avec lui plus qu’un seul esprit. Dans la vie de l’Esprit, elle est donc, à notre grand étonnement et admiration, l’épouse du Fils. Il semble que, derrière la création du premier homme d’où on tire une femme, nous pouvons imaginer la création du Royaume, le corps du Fils, d’où est sortie la femme, l’humanité, destinée à être la compagne du Fils vivant du même esprit !

Ces cinq points, mystérieusement insondables, forment les cinq mystères que je mets devant mes yeux le samedi que j’ai appelés les mystères de l’invention de l’homme et de la femme. Ils donnent une grande proximité avec la Vierge, en même temps qu’un immense respect devant le mystère de la vie que Dieu nous donne. Je ne peux que suggérer à tous ceux qui s’y sentent attirés par se laisser glisser dans cette méditation en toute confiance. Tout particulièrement pendant que François préside le synode qui se réunit au sujet de la famille.

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