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Dieu versus Darwin

J'ai eu l'occasion de suivre un cours donné au Centre de Formation de l'évêché de Liège sous forme de cinq conférences.

Voici les notes que j'en ai recueillies.

La création : Dieu versus Darwin?

par Marcel BASTIN et JoëI SPRONCK

« Le mystère du commencement de toutes choses est insoluble pour nous »

Charles Darwin, Autobiographie

Introduction

Année 2009: un double anniversaire!

  • 200 ans de la naissance du célèbre naturaliste anglais Charles Darwin
  • 150 ans de la publication de son ouvrage sur L'origine des espèces.

 

MichelAngeAdamSixtine.jpgDes questions:

  • Comment interpréter les récits de création dans la Genèse?
  • Les chrétiens sont-ils des « créationnistes » ?
  • Une vision évolutive du monde et de l'homme autorise-t-elle à croire encore en un Dieu « créateur du ciel et de la terre »?
  • Quel est le sens et la pertinence de cet article de foi?

 

Déroulement du cours

1. Lundi 19/10 (MB). La création dans les récits de la Genèse (Gn 1 -2)

La Genèse raconte la création. D'autres récits, appelés cosmogonies, le font également. L'exemple choisit pour ce premier jour est un poème Babylonien. Les cosmogonies exposent la genèse d'un monde. Elles cherchent à répondre aux questions de l'homme sur l'origine des choses. Avec la création, on passe du chaos à l'ordre. Mais Dieu semble ne pas vouloir occuper toute la place. Il n'élimine pas les eaux, qui représentent les forces hostiles, mais il les repousse.

Le récit de la création de l'homme montre un Dieu qui cherche quelqu'un qui s'attellerait au même projet que lui. Cette attitude se prolonge quand il choisit Abraham, Jacob, Moïse.

 

2. Lundi 26/10 (MB). La création à travers la Bible.

La soirée est consacrée à la lecture commentée de quelques passages de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Dans le prophète Isaïe, on peut voir Dieu, toujours animé par la volonté d'établir l'ordre sur la terre qu'il a faite, se servir même de ses ennemis (Cyrus, prend Babylone en -539) pour aider à la reconstruction de Jérusalem. (Isaïe 44,24-27 et 45,11-13).

La bible est parsemée d'allusions à la création ainsi dans les proverbes 8, 22-31 où est décrite la Sagesse créatrice ; dans le livre de Job (4, 7-9 et 38, 8-11) à qui Dieu rappelle qu'il était seul au commencement pour aménager la terre ; dans le livre des Maccabées où apparaît pour la première fois l'idée que Dieu a tout fait de rien (ex nihilo)

Enfin l'épître aux Colossiens 1, 15-20 présentent Dieu, Père et Fils créant les êtres visibles et invisibles dans le but de tout réconcilier et d'établir la paix universelle. Depuis la Genèse jusqu'à ce texte, il y a eu la rencontre de la pensée grecque et l'expérience des apôtres.

Vous pouvez trouver les références bibliques sur AELF

3. Lundi 9/11 (JS). Darwin et la religion.

Une bibliographie est remise qui sera utile dans les trois jours suivants.

a. Itinéraire religieux personnel de Darwin

Darwin est né à Shrewbury en 1809. Il a fait un voyage autour du monde de 1831 à 1836 en tant que naturaliste. Il s'est arrêté longuement aux îles Galapagos. En 1859 il édite « L'origine des espèces ». Il était pressé parce que Wallace allait publier des idées similaires.

Il décède en 1889. On trouve sa biographie très détaillée sur Internet.

 

b. Nouveauté Darwinienne

La théorie de l'évolution de Darwin est basée sur trois grands principes.

  • D'abord, l'enchaînement des espèces s'organise comme une généalogie.
  • Ensuite il y a une sélection naturelle du plus adapté quand des mutations dues au hasard se produisent.
  • Enfin il y a une gradualité dans l'apparition des espèces. La nature ne fait pas de saut.

c. Evolution de la théorie

Aux années 1900, le phénomène de la mutation est intégré aux découvertes de Mendel et les apports de la génétique sont intégrés à la théorie de l'évolution.

Entre 1950 et 1960, suite aux travaux de biologie moléculaire, apparaît la théorie synthétique de l'évolution. ou Néodarwinisme.

En 1970 Motoo Kimura développe la théorie neutraliste de l'évolution, qui observe que certaines mutations au niveau moléculaire ont lieu sans changement d'espère et sans sélection.

En 1972, certains scientifiques (Stephen Jay Gould et Niles Eldredge) avancent l'hypothèse des équilibres ponctués qui met en évidence certains sauts dans l'évolution nuançant ainsi le principe de gradualité.

De nombreuses discussions et controverses avaient été nécessaires pour arriver à ce point et de nouveaux développements sont encore attendus.

 

d. Réception religieuse de la théorie de Darwin

La théorie a suscité de nombreux débats. Le plus connu est le débat d'Oxford le 30 juin 1860 où Darwin est défendu par Thomas Henry Huxley. La théorie est en effet perçue comme contraire à la religion.

Au XXème siècle il y aura des tentatives de conciliation. Le chanoine de Dorlodot, bien au fait de la biologie de son époque et fort de ses connaissances des Pères de l'Eglise, publie en 1918 un ouvrage intitulé "Le Darwinisme au point de vue de l'orthodoxie catholique".

En 1950, Pie XII publie "Humani generis", consacrée au danger du relativisme dans la recherche scientifique. On y trouve une incise abrupte sur l'intervention directe de Dieu à la naissance de l'homme. "- car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu -"

En 1965, Vatican II énonce qu'Adam est une appellation générique de l'homme.

En 1996 Jean-Paul II reconnaît que la théorie de l'évolution (ou plutôt "les théories" !) ne sont pas incompatibles avec la foi chrétienne.

Petite histoire liégeoise : Charles Darwin et Edouard Van Beneden racontée par Lily Portugaels dans la Gazette de Liège de janvier 2009. L'institut de biologie se trouve juste en face de l'évêché !

 

4. Lundi 16/11 (JS). Des positions problématiques

DVD evolution.jpg

La soirée a principalement été consacrée à visionner la séquence d'un DVD éducatif réalisé par le Centre Interfaces des FUNDP, dont les références sont dans la bibliographie ou sur internet : L'évolution dévoilée. Quand sciences et sens se rencontrent

 

a. Le darwinisme social de H. Spencer

La sélection du plus fort appliquée aux luttes des hommes a conduit à des exagérations telles que l'eugénisme et d'autres déformations de la société.

b. Les courants créationnistes

A leur apparition, les créationnistes maintenaient que la terre avait 6.000 ans et que l'homme avait été formé par Dieu indépendamment des autres espèces. Ils ont beaucoup évolué depuis. Ils proviennent principalement d'églises protestantes d'Amérique. Actuellement le front des créationnistes s'élargit, il touche des milieux musulmans. (Harun Yahya, Louvain 177 p 31)

c. Le courant de l'Intelligent Design

Il s'agit en gros de la version la plus récente du créationnisme. (Louvain 177 pp 30 et  33)

d. La synthèse de P. Teilhard de Chardin

... son vrai génie fut de se placer à la croisée des chemins « enfant de la Terre et enfant du Ciel » comme il aimait se définir. Il a enthousiasmé son époque, mais malheureusement des expressions hasardeuses en ont limité l'impact.

En résumé :

.. La théorie de l'évolution saperait les valeurs les plus hautes en soutenant que l'humanité provient d'une espèce animale inférieure. La théorie serait donc aux mains de dangereux matérialistes athées.

Malheureusement un certain nombre de scientifiques leur donnent raison lorsqu'ils établissent un lien nécessaire entre l'athéisme méthodologique de la science - qui en effet n'a à connaître que des causes physiques observables - et l'athéisme métaphysique qui, lui, n'a rien à voir avec la science mais relève des convictions de chacun.

Créationnistes et matérialistes scientifiques ont en effet en commun une conception pré moderne de la vérité qui transgresse la nécessaire distinction entre l'ordre du savoir scientifique et l'ordre des convictions. Ils ont également en commun l'idée d'un "Dieu bouche-trou".

Le théologien ne peut qu'en déplorer la pauvreté, si éloignée de la richesse du Dieu biblique. Ce dernier n'échappe-t-il pas au fixisme des idoles de la représentation en prenant le risque de créer un cosmos pourvu d'autonomie et de créativité, en perpétuelle évolution ?

Cette citation se trouve dans la colonne de gauche de la revue Louvain 177 p 31.

 

5. Lundi 23/11 (JS): Sciences et foi, évolution et création.

Quelques points d'articulation et de dialogue: Science - foi

« Sans confusion et sans séparation » (Phrase du concile de Chalcédoine)

Quatre figures possibles de rapport et de séparation

  1. Conflit et exclusion : il n'y a  pas de dialogue possible entre foi et science
  2. Séparation et indépendance. C'est le discordisme. Il y a ici un risque de double vérité.
  3. Confusion des niveaux. C'est le "concordisme". IL est connu depuis très longtemps et on peut voir saint Augustin  réagissant déjà à son époque contre cet état d'esprit.
  4. Dialogue critique des différents types de savoir et de vérité. Dans ce cas de figure il est possible de parler de résonance, consonance, connivence entre la science et la foi.

Cette dernière attitude sera adoptée pour la suite de l'articulation science - foi.

 

Explication et signification

  1. La science est au niveau de l'explication. Elle part toujours de quelque chose qui préexiste et donne des indications sur son évolution. Ainsi décrit-elle l'expansion de l'univers, l'évolution vers la cellule vivante, l'évolution des vivants, l'hominisation.
  2. La philosophie et la théologie donnent la signification de l'existant. Leurs discours sont herméneutiques. Elles visent à définir la spécificité de l'homme, son histoire, ses inventions, ...

Interprétation de la notion de création

Il faut faire une distinction entre commencement et origine. (Voir les textes de synthèse )

  1. Interprétation biblique

Pour la bible, la création est une œuvre de salut. Elle n'est pas sensible au fait qu'elle part de rien ou d'un désordre existant : le chaos. Elle présente Dieu menant un combat contre les forces hostiles représentées par l'eau. L'Apocalypse dira d'ailleurs que dans le ciel nouveau et la terre nouvelle « ... de mer il n'y en a plus » signifiant par là que l'ordre est complètement établi.

  1. Relecture de la création par la pensée grecque

En suivant cette pensée, la création est le don de l'être à quelque chose qui n'existait pas. On peut trouver quelques allusions à cette conviction dans la bible. Au livre deux des Maccabées  au chapitre 7, verset 28, on trouve l'expression « ex nihilo » ; les Actes de Apôtres, au chapitre 17, verset 24-25, saint Paul, dans son discours à l'aréopage parle de Dieu qui donne la vie, le mouvement et l'être. Dans la lettre aux Romains, Paul parle aussi de Dieu qui fait vivre les morts et appelle à l'existence ce qui n'est pas.

Saint Thomas dit que la création est une relation de type métaphysique par laquelle Dieu pose dans l'être un monde différent de lui et l'y maintient.

 

Un monde inachevé et autonome

 

Il y a une altérité entre Dieu et le monde Il y a place pour la nouveauté, le hasard, l'invention. La finalité n'est pas dans l'événement, mais dans la lecture que l'on en fait. Elle n'est pas dans les mécanismes utilisés par la nature, mais dans l'usage que l'on en fait.

 

L'homme créé à l'image de Dieu

 

L'homme est à l'image de Dieu en ce sens qu'il est capable de don, capable de relation.

Il y a ici une résonance avec la théorie de l'évolution. Pour Darwin, l'homme est le seul capable de mettre une barrière à la lutte pour la survie et de développer un réseau de solidarité avec les plus faibles. Les découvertes modernes semblent cependant déjà trouver cela chez les animaux. Le propre de l'homme serait alors qu'il est capable de donner sa vie pour que le groupe survive. Mais ceci aussi se trouve chez les animaux.

Les dernières idées qui ont été exprimées à ce sujet peuvent, pour le moment, se résumer comme suit : le propre de l'homme est sa capacité de mettre en danger sa vie et la vie de son groupe pour que survive l'humanité. Ce que Eric Charmetant appelle l' "utrasocialité".

 

C'est le point final et le moment de rappeler la phrase mise en exergue de ces journées :

« Le mystère du commencement de toutes choses est insoluble pour nous »

 

Commentaires

  • Il manque deux questions dans votre approche : pourquoi est-on créationniste, et choisit-on de l‘être ?

    La remarquable étude du CNRS à propos de l'évolutionnisme et du créationnisme
    http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap1/lecointreInter.html, aussi complète soit-elle, n’aborde pas non plus la question de savoir pourquoi les créationnistes sont manifestement imperméables à toute argumentation rationnelle et scientifique.
    Il est vrai qu’à notre échelle moins que centenaire, il est difficile, et même quasi impossible, de se représenter une durée aussi longue que des millions d’années et donc le temps qu’il a fallu pour que la vie apparaisse à la suite de la chute d’une météorite, qu’elle se diversifie et quelle évolue, par adaptations, complexifications et mutations successives et aléatoires jusqu’à l’être humain.
    A fortiori, on peut comprendre que le génome, les prodigieuses capacités du cerveau humain, etc … paraissent inconcevables à certains sans l’intervention (ex nihilo , ? !) d’un « grand architecte » anthropomorphique et « créateur de l’homme à « Son » image ».
    Il y a aussi l’orgueil qui empêche les croyants d’admettre que l’être humain fait partie du règne animal, persuadés qu’ils sont d’avoir une relation privilégiée avec Dieu …

    La croyance créationniste, comme réponse immédiate et sécurisante à l’incertitude et aux lacunes actuelles des sciences, est d’autant plus compréhensible que, comme l’a dit avec raison, le pasteur évangélique Philippe HUBINON à la RTBF, :
    « S’il n’y a pas eu création, tout le reste s’écroule ! ». En effet, après l’âge d’environ 25 ans environ, il devient rare, voire impossible, d’encore parvenir à remettre en question ses options fondamentales, sans doute pour ne pas se déstabiliser, ou alors pour ne pas se désavouer. Certes « la science est tout simplement non intentionnée. Pour autant, elle n’est peut-être pas dénuée de conséquences vis-à-vis de la philosophie ».
    En effet, les observations des neurosciences, en particulier, loin de chercher à prouver l’inexistence de dieu, tendent néanmoins, me semble-t-il, à prouver son existence imaginaire et illusoire.

    Il ne faut évidemment rien attendre, si ce n’est a contrario, de certains pseudo scientifiques canadiens, largement financés par la Fondation chrétienne Templeton qui espère prouver scientifiquement l’existence de dieu !. C’est ainsi que, pour conforter en plus sa propre croyance, Mario BEAUREGARD notamment, a sérieusement cherché dans le lobe temporal droit l’antenne, le récepteur que dieu y aurait placé pour recevoir sa « Révélation » . ! Non seulement il a dû reconnaître qu'il n'y en a pas, puisque tout le cerveau est concerné par l’attitude religieuse, mais il occulte totalement l'influence éducative et culturelle de l’éducation religieuse. Et pour cause puisqu’ il en a lui-même été une victime (inconsciente) ...

    Est-il possible d’émettre des hypothèses explicatives, fussent-elles définitivement très partielles, sur l’origine et la fréquente persistance de la foi, même chez des scientifiques, par ailleurs souvent éminents ? Il n’est bien sûr pas question de vouloir simplifier ou réduire l’extraordinaire complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des « mécanismes » psycho-neuro-physio-génético-cognitivo-éducatifs. Mais cette nouvelle approche permet déjà, à mes yeux, de relativiser la part de liberté individuelle.
    Comme l’a écrit le neurobiologiste Henri LABORIT : " (...) Je suis effrayé par les automatismes qu'il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d'un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d'adulte, une chance exceptionnelle pour s'en détacher, s'il y parvient jamais.(...) Vous n'êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu'on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c'est une illusion, la liberté ! ». Finalement, ce qui importe, ce n’est pas tant CE que l’on pense, mais POURQUOI on le pense.

    C'est un fait d’observation sociologique : statistiquement, la liberté de croire ou de ne pas croire est souvent compromise, à des degrés divers, par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale, forcément affective puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents, et confortée par l’influence d’un milieu culturel, unilatéral puisqu’il exclut toute alternative laïque non aliénante et qu’il incite, à des degrés divers, à la soumission à une Vérité exclusive et dès lors intolérante. L’éducation coranique en témoigne hélas à 99,99 %.

    La soumission religieuse s’explique : comme l’avait déjà compris Desmond MORRIS, en 1968, dans « Le Singe Nu », Richard DAWKINS estime, dans « Pour en finir avec dieu », que du temps des premiers hominidés, le petit de l’homme n’aurait jamais pu survivre si l’évolution n'avait pas pourvu son cerveau tout à fait immature de gènes le rendant dépendant, et totalement soumis à ses parents (et donc plus tard à un dieu … !).

    Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, a montré, sans doute à son grand dam, qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et que la religiosité à l’âge adulte en dépend. Son successeur actuel, le professeur Vassilis SAROGLOU, le confirme. Ce nouveau mécanisme de défense, animiste du temps des premiers hominidés, n’est apparu que grâce à la capacité évolutive du seul cortex préfrontal humain, à imaginer , grâce au langage et par anthropomorphisme, un « Père protecteur, substitutif et agrandi » , fût-il de nos jours qualifié rationnellement de « Présence Opérante du Tout-Autre »,(A. Vergote).

    Comme on pouvait le prévoir, des neurophysiologistes ont constaté que chez le petit enfant, alors que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures, les amygdales (celles du cerveau émotionnel) sont déjà capables, dès l’âge de 2 ou 3 ans, de stocker des souvenirs inconscients (donc notamment ceux des prières, des cérémonies, des comportements religieux des parents, …, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces « traces » neuronales, renforcées par la « plasticité synaptique », sont indélébiles …
    L’ IRM fonctionnelle confirme que le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent anesthésiés à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion.

    On comprend que, dans ces conditions, certains athées comme Richard DAWKINS, ou certains agnostiques, comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, aient perçu l’éducation religieuse précoce, bien qu’a priori sincère et de « bonne foi », comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. Bien que les religions, et a fortiori leurs dérives (guerres religieuses, inégalité des femmes, excisions, …) soient plus nocives que bénéfiques à tous points de vue, il va de soi que la foi restera toujours un droit élémentaire, mais d’autant plus respectable qu’elle aura été choisie en connaissance de cause, plutôt qu’imposée.

    Michel THYS à Waterloo. michelthys@base.be http://michel.thys.over-blog.org

  • L’origine du créationnisme
    Réponse

    Je suis ingénieur pensionné. je m’intéresse à la science par curiosité.
    Comme Georges Lemaître, je pense que le scientifique chrétien peut s’adonner à la recherche sans craindre de trouver des vérités contre la foi de même qu’il n’en trouvera pas pour prouver l’existence de Dieu.

    Puisqu’il faut bien se faire une idée du monde pour choisir ce que l’on doit y faire. Je suis séduit par l’attitude d’Axel Khan, généticien bien connu. Une fois convaincu que l’homme est un animal comme les autres, il se découvre conscient et responsable de ses actes. Dès lors il ne s’inquiète pas des disputes qui se passent au dessus de lui entre ceux qui veulent dire que Dieu existe et ceux qui veulent dire qu’il n’existe pas. Pour lui il s’attache simplement à ce que ses connaissances soient utiles à la société.
    Voilà une philosophie simple et qui me convient : la science ne sert pas à chercher Dieu, elle sert à être utile à la société des hommes.

    Mais quand on arrive dans le paysage de la philosophie, on est surpris par la diversité croissante des philosophes et des philosophies. Cette diversité finit par faire douter que l’une d’elle soit meilleure, qu’un philosophe soit le chef de file qu’il faut absolument suivre. Conclusion à laquelle aboutit également Georges Charpak dans son livre “Soyez savant, devenez prophète”.
    Dès lors la question se pose à l’être conscient que nous sommes : existe-il une réalité qui surplombe tous les hommes (et toutes leurs philosophies !) et tout l’univers ? Aucune découverte scientifique ne va escamoter cette question. Elle ne vient pas de mauvaises habitudes éducatives mais de la conscience d’avoir conscience.
    Naturellement la réponse à cette interrogation n’est pas dictée par qui que ce soit. A chacun d’y donner sa réponse, mais il n’est cependant pas possible d’y échapper. Et c’est de là que naît la quête de l’absolu. Comme vous l’avez bien dit, même de très honorables scientifiques se posent ouvertement cette question.
    Le slogan un peu rapide selon lequel “la science aura bientôt réponse à tout” est probablement une des causes de la réaction excessive du sentiment religieux sous la forme du créationnisme. (La science ne dira jamais ce que l’on doit faire de son savoir !)
    Pour retrouver la raison concernant le créationnisme, le plus utile me semble cette entreprise pluraliste et éducative réalisée par ce DVD cité dans le cours. Il cherche à aider les professeurs de science à montrer que celle-ci ne froisse pas les convictions personnelles.

    Quoiqu’il en soit de l’évolution de ces idées, votre réponse aura élargi le champ de ma curiosité en citant des personnalités que je ne connaissais pas encore.
    Pluralistement vôtre
    Pierre Dehasse

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